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"L’Allemagne n’est plus un modèle pour les Français"
Directeur général de la Chambre franco-allemande de commerce et d’industrie à Paris, Jörg Langer observe les relations entre les deux grandes économies nationales depuis trente ans. Selon lui, la morosité allemande change le regard que portent les Français sur leurs voisins.
(22 octobre 2002)

Le “modèle allemand” semble en panne depuis que le pays a été réunifié, il y a douze ans. Cela affecte-t-il les relations économiques entre la France et l’Allemagne, qui sont l’une pour l’autre le principal partenaire commercial ?


Il n’y a pas de répercussions sur les échanges de biens. Certes, ils stagnent pour le moment, mais à un niveau très élevé. Ainsi, la Chambre franco-allemande de commerce et d’industrie compte actuellement 1 100 membres. Tous sont des entreprises allemandes engagées dans une coopération avec un partenaire français. Ce qui a changé, en revanche, c’est la perception qu’ont les Français du capitalisme rhénan. Il est vrai que l’Allemagne a été présentée pendant longtemps comme un modèle à suivre : croissance soutenue, faible inflation, absence de conflits majeurs entre le patronat et les syndicats grâce aux accords négociés par les partenaires sociaux… Tous ces éléments semblaient garantir, outre-Rhin, une prospérité et une stabilité inébranlables. Mais, depuis une dizaine d’années, cette image s’est progressivement ternie. Plusieurs facteurs ont contribué à ce changement. Il y a bien sûr les mauvaises nouvelles qui arrivent en France par les médias : le chômage croissant, notamment dans l’ex-RDA ; une vague de faillites sans précédent cette année ; enfin, la croissance qui est actuellement la plus faible de tous les pays de la zone euro. Mais il y a aussi les expériences directes avec des partenaires allemands, expériences qui sont, hélas, parfois décevantes. Dans le seul secteur de la télécommunication, par exemple, deux grandes coopérations ont échoué : celle entre France Télécom et Deutsche Telekom, d’abord, et puis, cette année, celle entre France Télécom et MobilCom, avec 5 millions de clients outre-Rhin.


Quelles sont les causes du manque de dynamisme dans l’économie allemande ?


Il s’agit à mon avis de problèmes structurels auxquels aucun gouvernement ne s’est encore véritablement attaqué. Ainsi, les lois qui protègent les salariés allemands contre le licenciement sont plus strictes encore qu’en France. Il est pratiquement impossible de licencier quelqu’un contre l’avis du comité d’entreprise. Or les compétences des comités d’entreprise ont été élargies une fois de plus par la coalition “rouge-verte”, au pouvoir depuis 1998. Autre obstacle à la création d’emplois : les négociations collectives entre le patronat et les syndicats portant sur les salaires et effectuées sous la surveillance de l’Etat. Il est vrai qu’en phase d’expansion cette procédure marie la justice sociale avec l’exigence d’efficacité, car elle limite les grèves. Mais, en phase de récession, lorsque le volume global des richesses à distribuer décroît, les conventions collectives se transforment en facteur de blocage. Elles fixent une sorte de salaire minimal pour chaque branche. Mais les marges des entreprises sont de plus en plus restreintes, et beaucoup d’entre elles sont incapables d’assumer le coût du travail, jugé exorbitant. Car aux salaires imposés par les conventions collectives s’ajoutent les charges. Selon une enquête réalisée par le magazine “Der Spiegel”, un employeur paie en moyenne 81 euros de charges pour 100 euros de salaire. Notamment dans le secteur des services, il en résulte des prix que les clients ne sont pas prêts à payer. D’où la chute de la demande, dont l’économie allemande souffre actuellement. Qui plus est, les salaires et les charges élevés favorisent le travail au noir, autre grand problème auquel le nouveau gouvernement du chancelier Gerhard Schröder devra faire face.


Depuis plusieurs années, le bilan économique de la France est nettement plus positif. Est-ce qu’il existe des recettes françaises que les Allemands devraient suivre ?


Je pense que, outre les lois, ce sont aussi les différences de mentalité qui jouent. Il est bien connu que les salaires sont nettement moins élevés en France. Les Allemands semblent avoir le plus grand mal à renoncer à des acquis, même dans une situation qui, visiblement, ne permet plus de conserver tous les avantages accumulés en période d’expansion. Cela tient peut-être au fait que la performance économique et le bien-être général ont été des éléments constitutifs de l’identité allemande après 1945. Alors que l’Histoire et les traditions nationales étaient devenues problématiques, c’était là un domaine permettant aux Allemands de se rassembler autour d’un projet positif, non contaminé par les malheurs du passé. Pour certains, renoncer à des acquis revient sans doute à mettre en cause tout un modèle de société. De nombreux exemples montrent en effet que les Français sont globalement plus portés à faire des sacrifices : dans le secteur privé, beaucoup de salariés acceptent de faire des heures supplémentaires si nécessaire. Les salariés allemands, en revanche, ont tendance à regarder leur montre et à insister sur le respect des termes du contrat. La capacité d’adaptation des entreprises et des salariés français assure aussi leur succès à l’étranger. Le secteur du bâtiment en est un bel exemple : lorsqu’on construit à l’étranger, il faut faire avec les normes, les us et coutumes locaux. On sait que les Français réussissent très bien dans ce domaine. Un responsable allemand qui dirige un chantier dans un pays lointain aurait trop tendance à prendre les règles au pied de la lettre. Quand il lui manque une pièce de rechange, par exemple, il la commande en Allemagne, quitte à attendre deux mois pour l’avoir. Un responsable français serait plus susceptible de se débrouiller, c’est-à-dire d’utiliser une pièce de rechange disponible sur place, même si cela ne représente pas la solution optimale.


Propos recueillis par Andrea Exler,
© Courrierinternational.com
Ecrit par Angward, à 17:02 dans la rubrique "France et consoeur".



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