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"The Daily Telegraph", Londres
Une cohabitation de plusieurs années dans un espace très restreint ne peut que créer des tensions entre astronautes. Or les études montrent que les femmes résistent beaucoup mieux que les hommes.
Quand, le mois dernier, le président Bush a annoncé son intention d’envoyer des hommes sur Mars, il a mentionné l’apesanteur et les radiations comme étant les principaux problèmes à affronter. Mais tout tend à prouver que le plus grand problème réside dans la composition de l’équipage. Car les expéditions envisagées imposeront aux astronautes de passer une très longue période dans une capsule exiguë et donc dans une grande promiscuité. Et, à en croire certains psychologues, un équipage entièrement composé de femmes serait le mieux adapté à une telle aventure.
Même quand elle passe au plus près de la Terre, tous les deux ou trois ans, la planète rouge se trouve à plus de 50 millions de kilomètres. Il faudra environ six mois de voyage pour l’atteindre, et, une fois sur place, les explorateurs devront encore attendre cinq cent cinquante jours avant que la position des deux planètes sur leurs orbites ne permettent le voyage de retour. Toute mission habitée sur Mars sera par conséquent un test particulièrement éprouvant en termes d’isolement et de promiscuité : Valeri Poliakov, actuel détenteur du record de temps passé dans l’espace, est redescendu sur terre en mars 1995 après avoir vécu seulement quatre cent trente-huit jours à bord de la station Mir.
Asthénie, crises d’angoisse et tendances dépressives
Lors des missions de longue durée, les voyageurs de l’espace manifestent des signes croissants de territorialité, de repli sur soi et de besoin de solitude. En 1973 et 1974, les missions du Skylab de la NASA se sont presque immédiatement heurtées à des problèmes psychologiques. Souffrant de troubles psychologiques, un astronaute a modifié par erreur les systèmes de commande. Lors de la troisième mission, les astronautes Gerald Carr, Edward Gibson et William Pogue avaient pour leur part un programme de travail très chargé. Si bien qu’ils ont très vite eu le sentiment de prendre du retard et se sont progressivement démoralisés. Pour leur quarante-cinquième jour en orbite, ils se sont mis en grève, refusant d’effectuer les tâches prévues. Après avoir obtenu des concessions de la base, l’équipage s’est calmé et a quand même mené à bien sa mission de quatre-vingt-quatre jours.
Les Russes ont identifié trois phases dans l’adaptation à l’espace. La première, pendant laquelle l’astronaute doit s’adapter à son nouvel environnement, dure jusqu’à deux mois. Elle est suivie par une période de fatigue croissante, accompagnée d’une chute de la motivation, l’asthénie. Ce qui pouvait sembler auparavant passionnant n’est plus qu’ennuyeux et répétitif. Vient ensuite une longue période au cours de laquelle l’asthénie empire, avec le développement de tendances dépressives et l’éventuel déclenchement de crises d’angoisse. Les voyageurs spatiaux deviennent alors anormalement sensibles aux bruits ou aux informations inattendues. Pendant cette phase, les membres de l’équipage sont facilement exaspérés et font facilement preuve d’agressivité. Un rapport américain signale ainsi qu’un homme a refusé de parler à l’un de ses camarades de mission pendant plusieurs jours. On évoque même des échanges de coups. L’une des bagarres serait survenue au cours d’une partie d’échecs.
A en croire Henry Cooper, auteur d’un livre sur la solitude de l’astronaute - A House in Space [Une maison dans l’espace] -, trois missions au moins auraient été annulées pour des raisons en partie psychologiques. En 1976, lors du vol du Soyouz 21 à destination de la station spatiale Saliout 5, l’équipage a été ramené précipitamment sur Terre, les cosmonautes s’étant plaints vigoureusement de la présence d’une odeur âcre dans le système de contrôle environnemental de la station. La cause n’en a jamais été décelée, et l’on peut supposer qu’il s’agissait d’une hallucination. Or les membres de l’équipage avaient beaucoup de mal à s’entendre. En 1985, l’équipage du Soyouz T14 en route pour Saliout 7 a été rapatrié au bout de soixante-cinq jours, Vladimir Vassioutine affirmant souffrir d’une infection de la prostate. Par la suite, les médecins ont conclu que le problème était entre autres d’origine psychologique. Vassioutine - dont c’était la première mission - avait pris du retard dans son travail et se sentait stressé. Alexandre Laveïkine, lui, est rentré plus tôt que prévu du vol Soyouz TM2 vers Mir, en 1987, parce qu’il se plaignait d’arythmie cardiaque. Les spécialistes n’en trouvèrent aucune trace. Mais le cosmonaute était très tendu, il avait commis quelques erreurs potentiellement graves, et le courant passait mal avec son coéquipier, Youri Romanenko.
Le cas éclairant des stations polaires
Hommes et femmes souffrent des mêmes phénomènes psychologiques au cours des expéditions lointaines. Que le voyage ait lieu dans les étendues glacées de l’Antarctique ou dans l’immensité de l’espace, il faut faire face aux problèmes d’isolement et de privation sensorielle. Les symptômes sont toujours les mêmes : pics d’angoisse, ennui, dépression, sentiment de solitude, peur excessive du danger et mal du pays.
Le Dr JoAnna Wood, du National Space Biomedical Research Institute de Houston, au Texas, a étudié le comportement des scientifiques et du personnel qui travaillent dans les stations de recherche en Antarctique. Elle a également étudié celui d’équipes placées dans un caisson de test spécial. “Au bout de quelques mois, on en a assez de voir toujours les mêmes têtes. Les gens ont souvent des comportements que l’on peut trouver amusants en société, mais qui deviennent difficiles à supporter au quotidien.”
En Antarctique, les chercheurs doivent hiverner six mois sur douze. Pendant cette période, ils n’ont que peu de contacts avec le monde extérieur, et les groupes ont tendance à rester confinés à l’intérieur en raison de la température. C’est pourquoi les chercheurs s’intéressent de près à leur comportement, facilement transposable aux futures missions spatiales de longue durée, explique le Dr John Annexstad, qui a déjà dix missions antarctiques à son actif. Dans ce genre d’expédition, les problèmes relationnels ne jouent qu’un rôle limité au cours des premières semaines. C’est lorsque les membres de l’équipe se sont familiarisés avec leur nouveau milieu qu’ils commencent à se révolter contre l’autorité et les autres. Une étude réalisée dans une station polaire a montré que 85 % des participants avaient présenté des symptômes de dépression, 65 % des comportements de colère ou d’hostilité, 60 % des troubles du sommeil et 53 % des troubles cognitifs.
Il va donc falloir que les psychologues trouvent de nouveaux moyens permettant de sélectionner des équipages capables de ne pas craquer dans un environnement confiné. Or tout porte à croire que les sujets les plus adaptés sont les femmes. Elles ont en effet tendance à être plus tolérantes vis-à-vis de leurs coéquipiers. Dans les équipages composés d’éléments féminins, note le Dr Annexstad, la concurrence semble moins acharnée et l’atmosphère est apparemment moins tendue. Reste que la présence d’une femme dans un groupe d’hommes a également des effets déstabilisants à cause, entre autres, des tensions sexuelles. Mais il ne faut peut-être pas accorder une trop grande importance à ce problème : des travaux récents indiquent que les astronautes subissent rapidement une baisse considérable de leur production d’hormones sexuelles.
Histoire de mettre toutes les chances de notre côté, nous aurions donc peut-être intérêt à envoyer un équipage entièrement féminin plutôt que mixte. Se poseraient cependant quelques questions d’ordre médical. L’apesanteur provoque en effet une perte de la masse osseuse. Et les femmes sont plus exposées que les hommes au risque d’ostéoporose. “C’est probablement le principal argument contre l’envoi de femmes sur Mars”, déclare le Pr Millie Hughes-Fulford, spécialiste de l’ostéoporose à l’université de Californie à San Francisco, qui a volé à bord de la navette spatiale en 1991. Les femmes astronautes pourraient certes prendre du calcium, mais cela pourrait entraîner la formation de calculs rénaux, ajoute le Dr Arnauld Nicogossian, de la NASA.
Raj Persaud
Courrier International
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