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Les Etats-Unis, nouvel empire mongol ?
Au Japon, l'hégémonisme américain, diplomatique, militaire, économique ou culturel, irrite autant à droite qu'à gauche. Le mensuel conservateur "Bungeishunju" titre sur "Le discrédit des Etats-Unis".
Ce n'est plus seulement la gauche japonaise qui critique l'unilatéralisme de Washington, mais aussi la droite. Dans sa livraison d'octobre, le mensuel conservateur à grand tirage Bungeishunju publie ainsi un dossier spécial d'une centaine de pages titré "Le discrédit des Etats-Unis" qui est révélateur d'un nouvel antiaméricanisme de droite.

Tant la politique étrangère de Washington que la gestion "à l'américaine",le rôle des agences de publicité dans l'orchestration de la campagne contre le terrorisme ou la médiocrité de la télévision aux Etats-Unis font l'objet de critiques. "Au lieu de se laisser entraîner par la chute des Etats-Unis, c'est le moment de mieux les connaître", écrit Bungei- shunju.

Dans un entretien, le gouverneur de Tokyo, Shintaro Ishihara – en qui la presse voit un éventuel successeur au premier ministre Junichiro Koizumi – estime que "les Etats-Unis sont en train de devenir un autre empire mongol dont l'ambition est moins de gouverner le monde que de le dominer par la force" sans être en mesure de mettre en place un ordre nouveau. Auteur il y a une quinzaine d'années avec le fondateur de Sony, Akio Morita, d'un pamphlet Le Japon qui peut dire non, M. Ishihara est devenu un porte-voix d'un nationalisme populiste souvent provocateur, qui, compte tenu de la déconsidération de la classe politique dans son ensemble, trouve un certain écho dans l'opinion. Pour les Etats-Unis, affirme-t-il, le Japon, l'Europe ou la Chine sont quantité négligeable ou bien des ennemis potentiels. Et, comme Washington se désintéresse de l'Asie au profit de la Russie, le Japon pourrait être tenté de se rapprocher de la Chine. Ce qui serait le pire scénario pour M. Ishihara, dont les déclarations anti-chinoises ont plus d'une fois provoqué le courroux de Pékin.

GREENSPAN N'EST PAS UN DIEU

PDG de la puissante maison de commerce Itochu, Uichiro Miwa, qui n'épouse en rien le populisme du gouverneur de Tokyo, souligne pour sa part dans un autre article intitulé "Adieu à une grande puissance crépusculaire" les limites du "modèle" américain en matière de gestion économique. Il n'épargne pas ses critiques au "gouvernement d'entreprise dont les Etats-Unis sont si fiers".

Pendant quelques années, écrit-il, le Japon a cru que la gestion à l'américaine était la solution à ses problèmes, mais, s'il y a des choses à prendre, celle-ci s'est avérée non seulement ne pas correspondre à la réalité socio-économique nippone mais de surcroît présenter de sérieuses dérives. "On disait les entreprises américaines les plus transparentes du monde. Regardez la réalité d'Enron ou de WorldCom, écrit M. Miwa. Le Japon s'est trop précipité à adopter ces normes pour satisfaire les investisseurs étrangers en négligeant la culture d'entreprise qui lui est propre."

Dans un article intitulé "M. Greenspan n'est pas non plus un dieu", l'ancien vice-ministre des finances chargé des relations internationales, Eisuke Sakakibara, surnommé "Monsieur Yen" en raison de l'influence sur les marchés que l'on prêtait à ses déclarations dans les années 1990, estime, quant à lui, que le monde traverse une de ces périodes de grande transformation qui ne se produisent qu'une fois tous les cent ou deux cents ans : la crise de 1929 a marqué le transfert du centre névralgique de l'économie mondiale de Londres à New York, et la crise actuelle va conduire à une nouvelle migration vers un lieu que l'on ne connaît pas encore. "L'hégémonie américaine reste certes écrasante sur le plan économique et militaire et la pax americana est appelée à durer. Je ne doute pas que les Etats-Unis conservent leur statut de superpuissance, mais je suis tout autant convaincu qu'un déplacement du centre névralgique de l'économie mondiale n-en a pas moins commencé", conclut M. Sakakibara.

Philippe Pons dans "le monde"

http://bunshu.topica.ne.jp
Ecrit par Angward, à 18:53 dans la rubrique "Histoires".

Commentaires :

  Angward
18-10-02
à 19:03

Tout comme en Europe

On ne fait que se plaindre mais il est vrai que le Japon souffre bien plus de l'hégémonie de l'Amérique. Il est inquiétant de se rendre compte que tous, dans le monde, critique les USAs.
On me dit que c'est con de haïr les américains car s'ils n'avaient pas été là, on aurait été dans la panade. Si cela est bien vrai, il ne faut pas confondre réconnaissance et obligation. Si quelqu'un te sauve de la noyade, ce n'est pas pour ça que tu devras devenir son esclave pour le remercier. Il y a des limites à tout.
Surtout il faut bien comprendre que les critiques sont dirigés vers l'exécutif Américains et pas contre le peuple car ce dernier vit complétement couper du Monde et ne s'en préoccupe que rarement. Ils pêchent par ignorance et cela est rare, contrairement au gouvernement. La palme revenant au célébrissime DebelYou BUSH !! Il n'aide en rien, l'Amérique, il provoque surtout une haine durable contre son peuple qu'il resout d'une manière éphémére, la guerre. Faites le compte !



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