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LE MONDE | 22.09.03 | 13h29
Dimanche 21 septembre, sur la chaîne de télévision Fox News, qui soutient George Bush, le présentateur, interrogeant le sénateur Joseph Biden, personnalité démocrate la plus écoutée en matière de politique internationale, lui tendait un piège devenu habituel en l'invitant à s'attarder un moment sur la France. "Les Français tentent une manœuvre, mais nous pouvons les battre dans les négociations", a assuré M. Biden.
Ancien président de la commission des affaires étrangères du Sénat, M. Biden a plaidé pour que les Etats-Unis proposent de confier au Conseil de sécurité la responsabilité de décider du moment où il faudra transférer le "contrôle complet" de l'Irak à un gouvernement irakien.
"De cette façon, nous mettons la France dans une boîte. C'est le seul pays au monde qui dise - avec un petit soutien verbal de l'Allemagne - qu'il faut passer le pouvoir dans les trois mois à des gens qui ne sont pas en mesure de l'exercer !", a expliqué le sénateur. "Pourquoi ne sommes-nous pas capables d'être plus malins que les Français sur la scène internationale ?", a conclu M. Biden, réussissant ainsi à condamner la France sans renoncer à critiquer le gouvernement Bush.
Dans le New York Times du 18 septembre, Thomas Friedman, le chroniqueur de politique étrangère le plus influent de la presse américaine, a déclaré le moment venu de reconnaître qu'entre les Etats-Unis et la France, c'est la "guerre". "La France n'est pas seulement notre allié incommode. Ce n'est pas seulement notre rival jaloux. La France devient notre ennemi", écrivait Friedman, citant plusieurs éléments, dont la position de Paris sur le transfert de souveraineté, comme preuves que "la France veut que l'Amérique échoue en Irak". Tout en attribuant une part de responsabilité à "l'arrogance de l'équipe Bush", le journaliste estime que Jacques Chirac et son gouvernement ont adopté une attitude "ouvertement cynique", qui consiste à formuler des exigences irréalistes pour ne pas avoir à assumer de responsabilités dans la reconstruction économique et politique de l'Irak.
L'opinion des Américains, mesurée par les sondages, est plus partagée. Cependant, selon l'enquête transatlantique menée, en juin, par le German Marshall Fund, l'amitié des Américains pour la France atteind 45 points sur une échelle de 100, juste devant la Chine et la Syrie et en baisse de 10 points par rapport à l'enquête de l'année précédente. Un sondage Harris de la mi-août indique qu'aux yeux de 46 % des Américains, la France agit comme une alliée proche ou, au moins, de façon amicale, contre 43 % qui voit en la France une ennemie.
Patrick Jarreau