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La reprise américaine va relancer l’économie mondiale, la Bourse de Wall Street va mieux en accumulant des bons résultats, et, avec des chiffres de croissance exceptionnels, les Etats-Unis sont plus que jamais le moteur de l’économie de la planète. Ce discours, beaucoup propagé par les journalistes spécialistes de la Bourse, ne convainc cependant guère le Fonds monétaire international (FMI) “qui vient de publier un rapport alarmant sur le mauvais état de l’économie américaine”, relève The New York Times.
Rapport dont se félicitent “de nombreux économistes et de nombreux investisseurs à travers le monde”, relate encore le quotidien, citant le directeur de l’Institut d’économie internationale, situé à Washington, et pour qui “le FMI a raison ; nous nous rapprochons du jour où tout peut s’écrouler”.
En cause, explique le Washington Post, la faiblesse du dollar, qui commence à inquiéter un certain nombre d’investisseurs, le déficit commercial américain — près de 500 milliards de dollars en 2003 — et le gouffre abyssal de la dette des Etats-Unis, qui atteint la bagatelle de 400 000 milliards de dollars. Or, remarque le quotidien, il existe un possible scénario catastrophe : “Le dollar, en se dépréciant toujours plus, pourrait forcer la réserve fédérale américaine à relever ses taux d’intérêts à long terme”. Car, comme commente un spécialiste, toujours dans les colonnes du Washington Post, “si nous voulons que les dollars continuent à être utilisés, il nous faudra payer toujours plus cher pour que les gens acceptent d’en avoir”. Et pour assurer ce loyer de l’argent, la Fed sera donc obligée de relever ses taux, “au risque de ne pas pouvoir remplir ses objectifs affichés”.
Dès lors, la machine s’emballe : “Si les taux à long terme sont relevés, cela va freiner la reprise économique, ne laissant à la Maison-Blanche qu’une seule possibilité : creuser encore plus les déficits, qui atteignent pourtant déjà des records. Avec, en plus, un risque oublié depuis vingt ans : le retour de l’inflation. Dans un tel scénario, le gouvernement aura la plus grande difficulté à payer le service de sa dette.” En gros, les Etats-Unis se trouveraient dans la situation d’un pays en voie de développement comme l’Argentine : incapable de rembourser ses dettes parce qu’il a vécu au-dessus de ses moyens.
C’est ce scénario catastrophe que le FMI pointe d’un doigt accusateur, stigmatisant que “la politique actuelle de l’administration Bush ne pose pas seulement un risque réel pour les Etats-Unis, mais également pour l’ensemble de l’économie de la planète, qui s’écroulerait avec celle des Etats-Unis”. Et pour le FMI, le fin du fin de la politique à ne pas suivre, ce sont “les réductions d’impôt sur le revenu et les dividendes décidés par le président Bush et qui, en 2003, se sont avérés nuisibles pour le déficit et incapables de créer des emplois”, rapporte le Financial Times. L’un des reproches faits à la fameuse reprise américaine réside dans le fait que si elle génère un regain boursier, elle ne produit pas d’emplois.
Si réellement les Etats-Unis sont au bord du gouffre, comment expliquer leurs indéniables succès économiques récents ? “Parce que pour l’instant, la baisse du dollar s’est faite en douceur” et que les investisseurs étrangers commencent juste à montrer des signes forts d’inquiétude devant cette situation. En outre, le dollar faible facilite les exportations américaines, ce qui, “à court terme, est bénéfique aux Etats-Unis” et explique donc la bonne santé apparente de l’économie du pays. Mais tout cela serait donc bâti sur du sable, d’après le FMI.
Eric Glover
© Courrier international