L'image qu'on se fait des adeptes de jeux vidéo-
passifs, bien assis dans leur fauteuil et le cerveau coincé à la
position « off » pendant des heures- n'est peut-être pas justifiée. Si
l'on en croit les travaux d'une chercheuse de l'UQAT, les gamers ont même quelques ressemblances avec les sportifs de haut calibre.
Au cours d'une présentation faite
hier dans le cadre du Festival Arcadia, qui se déroule au CEPSUM
jusqu'à demain, Samuelle Ducrocq-Henry a branché des électrodes sur les
poitrines de deux joueurs aguerris- un garçon et un fille- qui
s'affrontaient devant une petite foule dans un jeu de tir à la première
personne. Au plus fort de la bataille, le rythme cardiaque de la
joueuse a subitement grimpé à 180 battements à la minute, soit près du
double de sa pulsation normale.
« Et ça, ce n'est rien comparé à ce que vivent les joueurs
professionnels du jeu vidéo durant des tournois où des dizaines de
milliers de dollars sont en jeu. Il n'est pas rare dans ces cas-là que
le rythme cardiaque se maintienne au-dessus de 200 et que les joueurs
entrent dans des période d'apnée de 15 ou 20 secondes », explique la
professeure en théories et pratiques du multimédia à l'Université du
Québec en Abitibi-Témiscamingue.
Est-ce donc dire que les jeux vidéo s'apparentent au sport? « À la
lumière de mes recherches, je dirais que les jeux vidéo sont en fait un
mélange entre le tir à l'arc (pour la précision), les échecs (la
concentration), les sports automobiles (la posture, le stress et la
respiration) et la pratique de la musique (l'utilisation d'un
instrument).»
« Les jeux vidéo sont de plus en plus utilisés pour traiter des
problèmes physiologiques, ajoute la chercheuse. Des chercheurs ont par
exemple découvert que le fait d'exposer des grands brûlés à des jeux
vidéo dont l'action se déroule dans le froid peut aider à calmer leur
douleur. C'est donc dire que les jeux ont certainement un impact
physiologique sur les joueurs. »
Il n'en faut pas plus pour que des fanatiques réclament que la pratique
les jeux vidéo soit traitée comme le sport. « Une demande a déjà été
officiellement faite pour que les jeux vidéo soient intégrés aux
prochains Jeux olympiques », souligne Mme Ducrocq-Henry.
Tristan Péloquin
La Presse