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Washington de correspondant du Monde
Iyad Allaoui, chef du gouvernement intérimaire irakien, s'est comporté en agent électoral de George Bush, jeudi 23 septembre, à Washington. Devant le Congrès, puis au cours d'une conférence de presse, à la Maison Blanche, et dans un entretien télévisé, il a fait l'éloge du président américain, repris tous les arguments des républicains pour justifier la guerre et accusé les médias de "donner de l'oxygène aux terroristes" en exagérant l'importance de l'insurrection.
La visite de M. Allaoui n'a rien été d'autre qu'un épisode de la campagne présidentielle. Le dirigeant irakien a résumé, lui-même, sa contribution à cette campagne dans les "trois importants messages"par lesquels il a commencé son discours devant le Sénat et la Chambre des représentants réunis. Premièrement, "nous réussissons". Deuxièmement, "merci l'Amérique". Troisièmement, "nous allons mieux, vous allez mieux et le monde va mieux sans Saddam Hussein". L'essentiel était dit, provoquant les applaudissements des républicains, radieux, et des démocrates, dignes.
Fréquemment interrompu par les approbations de son auditoire, M. Allaoui y a répondu par des sourires, mais une petite toux nerveuse ne l'a jamais quitté. Aux parlementaires, qui ont voté, en octobre 2002, une résolution appuyant la politique de M. Bush, il a assuré : "Votre décision de faire la guerre en Irak n'était pas facile, mais c'était la bonne." Selon lui, Saddam Hussein est responsable de l'assassinat ou de la disparition de "plus d'un million d'Irakiens" et de l'exil de millions d'autres. "Des guerres absurdes, l'usage d'armes de destruction massive, la perte inutile de centaines de milliers de vies, le financement et l'exportation du terrorisme, voilà ce que le monde doit à Saddam Hussein", a déclaré le premier ministre. Il a ajouté un autre argument, le soir, sur la chaîne PBS.
"Je peux vous assurer, a-t-il dit, que si Saddam était encore là, les terroristes frapperaient, ici, comme ils l'ont fait le 11-Septembre." Au Congrès et, plus tard, devant la presse, dans la roseraie de la Maison Blanche, M. Allaoui a présenté un tableau rassurant de la situation en Irak. Il a affirmé que l'insurrection est "petite" et qu'elle "n'a pas d'écho" dans la population. Il a assuré que, sur les 18 provinces que comprend l'Irak, "14 ou 15 sont complètement sûres". Certes, a-t-il dit, il y a eu "quatre complots" pour le tuer, au cours des quatre dernières semaines, et les attentats meurtriers sont fréquents ; mais, selon lui, les Irakiens prêts à s'engager dans la police et dans l'armée, pour combattre l'insurrection, sont nombreux.
Des sources officieuses, au Pentagone, ont indiqué que le nombre de provinces pouvant être considérées comme sûres ne dépasse pas 9 ou 10, en comptant large. Quant à la question du recrutement et de l'entraînement des forces irakiennes, elle est difficile à cerner. Au Congrès, M. Allaoui a dit qu'il dispose, aujourd'hui, de 50 000 hommes.
A la Maison Blanche, M. Bush ayant cité le chiffre de 100 000, le premier ministre s'est aligné sur lui et a parlé de "100 000 Irakiens prêts au combat". Le candidat démocrate, John Kerry, affirme que les effectifs des forces opérationnelles irakiennes se limitent, aujourd'hui, à 5 000 hommes. "C'est une honte !", a-t-il dit, au cours d'une conférence de presse, dans l'Ohio.
Il y a une semaine, le gouvernement a demandé au Congrès la permission d'affecter aux dépenses de sécurité 3,5 milliards de dollars de crédits prévus, initialement, pour la reconstruction. En outre, le Pentagone a reconnu, mardi, qu'il a commencé à puiser, à hauteur de 2 milliards de dollars, dans un fonds de réserve, dont la Maison Blanche avait affirmé qu'il était constitué par précaution et que, normalement, il n'aurait pas à être utilisé.
Le général John Abizaid, chef du Commandement central, l'état-major qui dirige les opérations américaines en Irak, a déclaré, mercredi, que des troupes supplémentaires seront nécessaires "pour sécuriser le processus électoral". Il a dit "croire que ces troupes seront irakiennes", mais ne pas "écarter" qu'elles soient américaines.
Interrogé par un journaliste, M. Bush a répondu que le général Abizaid "ne lui avait pas dit ça", mais que, s'il avait besoin de forces additionnelles, il les aurait. En fait, la planification pour l'envoi de renforts est déjà en cours. L'augmentation des effectifs américains, actuellement de 135 000 hommes, est présentée comme nécessaire pour maintenir les élections au moment prévu, fin janvier 2005. Cette date a été confirmée par M. Allaoui et par M. Bush. Au Sénat, le ministre de la défense, Donald Rumsfeld, a indiqué que la consultation pourrait n'être organisée que dans "les trois quarts ou les quatre cinquièmes" du pays. "Est-ce mieux que pas d'élections ? Vous parlez !", a-t-il lancé.
M. Kerry a déclaré que M. Bush et son hôte s'efforçaient de "faire bonne figure", pour masquer les revers que subit leur politique. Richard Cheney, le vice-président, s'est dit "stupéfait" par les propos du candidat démocrate. Il l'a accusé de faire le jeu des terroristes.
Patrick Jarreau