Angward

Les républicains, réunis à New York pour la convention de leur parti, clouent la France au pilori pour s'être opposée à la guerre en Irak et attaquent la volonté de John Kerry de se rapprocher des alliés historiques des Etats-Unis.

"Le sénateur Kerry a clairement dit qu'il aurait recours à la force que si cela était approuvé par les Nations unies. Kerry laisserait le soin à Paris de décider quand l'Amérique a besoin d'être défendue", a dénoncé mercredi soir le sénateur démocrate de Georgie (sud-est) Zell Miller sous les ovations des délégués.

Zell Miller est un démocrate rallié au président sortant républicain George W. Bush qui se représente pour un second mandat en novembre avec le démocrate John Kerry pour adversaire.

Le vice-président Richard Cheney n'a pas été en reste: "Le sénateur Kerry s'oppose aux actions des Etats-Unis quand d'autres pays les désapprouvent, comme si le seul objectif de notre politique étrangère était de contenter ceux qui ne cessent de nous critiquer", a-t-il dit.

George W. Bush s'était rendu en France pour les cérémonies du 60e anniversaire du débarquement allié en Normandie en juin et avait pourtant semblé s'attacher à restaurer de bonnes relations avec la France.

Celle-ci s'était opposée à la guerre lancée par les Etats-Unis et la Grande-Bretagne contre l'Irak en mars 2003. La Russie et l'Allemagne avaient également refusé de s'associer à l'opération mais c'est sur Paris que semble se concentrer l'ire des républicains.

M. Bush se représente en vantant ce qu'il affirme être ses capacités de commandant en chef pour défendre le pays contre le terrorisme. Sa décision de partir en guerre en Irak en fait partie, même si cela a froissé les relations entre Washington et plusieurs de ses alliés historiques.

"Dans la guerre mondiale contre le terrorisme comme en Afghanistan et en Irak, le président Bush a rassemblé beaucoup d'alliés de notre côté. Mais il a indiqué clairement qu'il y a une différence entre mener une nombreuse coalition et se soumettre à la volonté d'un petit nombre. George W. Bush ne demandera jamais une autorisation écrite pour défendre les Américains", a affirmé à ce propos M. Cheney.

"Si on est un peu sensible, on repart un peu vexé, mais si l'on sait que ce sont des propos de campagne, alors c'est rattrapable", a déclaré Philippe Briand, député UMP (parti présidentiel) d'Indre-et-Loire (ouest), qui est venu avec cinq parlementaires assister à la convention républicaine. "Leur côté anti-français n'est pas plus fort que le côté anti-américain" en France, a-t-il ajouté.

"On a essayé de nous faire dire que (les relations franco-américaines) iraient mieux avec John Kerry. On n'est sûr de rien", a souligné le député français.

Les attaques des républicains sont parfois tombées un peu à côté de l'objectif. L'ex-maire de New York, Rudolph Giuliani, s'en est ainsi pris aux pays européens qui, selon lui, ont capitulé devant le terrorisme.

Parmi les exemples qu'il a cités, figure l'assaut du paquebot italien Achille Lauro en 1985 au cours duquel des terroristes palestiniens avaient tué un otage juif américain.

"Certains des terroristes ont été libérés et le gouvernement italien a laissé s'enfuir ceux qui restaient par peur de représailles", a-t-il dit. "Les terroristes ont ainsi appris qu'ils pouvaient intimider la communauté internationale et que trop souvent la réponse, surtout en Europe, est de les accommoder, de temporiser et de faire des compromis", a accusé M. Giuliani.

Il a toutefois omis de préciser que l'Italie fait aujourd'hui partie des plus solides alliés des Etats-Unis en Irak.